Frénésie médiatique pour une succession

Au terme d’une campagne électorale qui, à l’image d’un feuilleton si boursouflé de péripéties improbables et de rebondissements hallucinogènes que l’on se demandait si le scénariste n’avait pas abusé de substances stupéfiantes, est apparue la faillite démocratique... Le « marcheur » (champion des ploutocrates) a obtenu 20,6 millions de voix soit 66,1% des suffrages exprimés mais seulement 43,63% du volume des citoyens inscrits sur les listes électorales (47,4 millions de Français). Cependant, si l’on additionne les voix de la blonde patriote Le Pen (10,7 millions) + les réticences abstentionnistes (12 millions) + les bulletins irrités, blancs et nuls (4,2 millions), on se rend compte que nos compatriotes, dans leur majorité, se refusent à la séduction macronienne. 

Ceci souligné, on se doit de reconnaître la légitimité du nouvel élu. Et, même si le personnage prête à mille suspicions, la courtoisie républicaine commande d’attendre matière à critiques pour déchaîner les chiens.

 

En attendant, le film de la première journée du règne macronien, nous donne déjà à sourire.

L’agenda présidentiel du lundi 15 mai 2017 semblait pourtant bien convenu : passation de commandement à l’Elysée entre le sorti et le rentrant ; échange de confidences entre l’ancien et le nouveau ; élévation à la dignité de Grand’croix la légion d’honneur (le macaron de Macron); tapis rouge et serrages de mains à grappes de fans agglutinés sous l’œil suspicieux d’une armada de cerbères enfouraillés ; douche céleste de rigueur pour les intronisations ; hommages aux soldats morts pour la patrie et aux militaires vivants mais estropiés dans les sables des déserts où l’armée tricolore poursuit quelques mirages (sa splendeur passée notamment) ; garden-party avec courtisans fébriles à la veille de la distribution des postes ; rencontre tendue avec la maire frondeuse de la capitale... Bref, il a endossé le costume. Disons que, pour l’heure, il est moins ridicule que ses deux prédécesseurs dont les talonnettes de l’un et la cravate de travers de l’autre (entre autres fantaisies inappropriées) ne laissaient pas de désacraliser la fonction.

Nonobstant ce programme banal, la planète médiatique avait dépêché autant de reporters que si la Reine d’Angleterre et le Pape eurent convolé en injustes noces. La gent journalistique, comme une nuée de sauterelles affamées, n’a eu de cesse de couver sa créature. Du matin au soir, quelques téléspectateurs désoeuvrés ont pu suivre le moindre des faits et gestes d’Emmanuel Macron et de sa « première dame ». Leur histoire mérite le qualificatif de romanesque nous a-t-on assurés en évoquant celle, dramatique, de Gabrielle Russier, portée à l’écran sous le titre funeste : Mourir d’Aimer. Si après cela, les chaumières n’absolvent pas sa « faute »..., de jeunesse. 39 printemps et pas une faille ou accrocher un quolibet.

 

Nonobstant, il aura bien besoin d’indulgence pour combler l’appétit pantagruélique de réformes de ses électeurs. Les sceptiques pour leur part hésitent entre cultiver la sinistrose et, un rien séduits par sa « fraîcheur », caresser un vague espoir de changement avantageux. A la vérité, sa mécanique intellectuelle, son sens de la communication, son habileté politique peuvent laisser présager le pire et peut-être un peu de meilleur. Nous verrons vite comment il conjugue les mots et les actes. A son crédit, les observateurs les plus canailles apprécient la maestria avec laquelle il a, d’une pichenette surprise, balayé la droite et «en même temps » la gauche. Bravo l’artiste. Dommage que ce soit pour le plus grand profit de la mondialisation néolibérale.

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