Chronique du temps qui passe mal

Mercredi 20 février 2019

 

Le créateur de mode est anticonformiste. Le porteur de mode est conformiste.

L’incarnation iconique et oxymorique de la rigueur fantaisiste, Karl Lagerfeld nous a quitté. Un dandy allemand en mode inclassable... Le télescopage des deux mots n’est pas si fréquent au regard de l’austérité que l’on prête d’ordinaire à nos voisins d’outre-Rhin. Il avait fait de son look, la signature d’un esprit qui rimait avec génie. Parmi ses nombreuses formules chic et choc qui ont jalonné son expression publique, il en est une qui apparaît à l’heure de sa mort comme une étrange coïncidence : « C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie ». Vive Karl Lagerfeld et les gilets jaunes.

 

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Toute la classe politique prend la pose médiatique pour affirmer son horreur de l’antisémitisme. Si, comme on nous le dit, il y a une recrudescence des actes antisémites, c’est que, trop souvent, (dans ce domaine comme dans d’autres) la loi n’est pas appliquée. L’antisémitisme n’est ni bien ni mal, il est prohibé par la loi commune. Cela devrait suffire à en contenir les manifestations. Nous voulons croire que cette soudaine indignation unanime, voulue et orchestrée par le pouvoir oligarchique, n’est pas destinée à salir la légitime révolte des Gilets Jaunes au prétexte de quelques dérapages, certes condamnables, mais pas représentatifs.

Egalement voulons nous croire que le gouvernement ne compte pas mettre dans le même sac, la haine et le racisme avec la légitime critique de son inaction contre les injustices sociales. Il ne faudrait pas que l’antisémitisme serve d’argument pour contraindre chacun dans les limites d’un politiquement correct liberticide.

Enfin, qu’il nous soit permis de noter, non sans ironie, que ces contraventions à la loi sont favorisées par les réseaux sociaux, ces outils de décervelage et d’abrutissement, qui rechignent à régler leur dû au fisc et tuent le rapport traditionnel et intelligent du citoyen à l’information.

 

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73% des Français, nonobstant qu’ils « envisagent avec pessimisme l’avenir de la société française », se déclarent « heureux ». 6 sur 10 éprouvent le « sentiment d’avoir choisi la vie qu’ils mènent ». Cependant, 48% de nos compatriotes confient « avoir des fins de mois difficiles ». Conclusion (provisoire) ils sont heureux..., mais fauchés.

Dans un pays, la France, qui n’a jamais produit autant de richesses, force est d’admettre que le mérite est rarement rémunéré à sa juste valeur. Il en sera ainsi aussi longtemps que le peuple ne parviendra pas imposer un changement de paradigme : l’homme en premier, l’argent en dernier. Et halte à la financiarisation de l’économie qui donne tout à une minorité et rien ou des miettes à une majorité (de moins en moins silencieuse).

Faut-il, encore et toujours, rappeler que l’argent « contribue » au bonheur ???