CONTRÔLE TECHNIQUE Dur aux pauvres, doux aux riches

Derrière chaque loi ou réforme, on découvre une philosophie, à tout le moins une intention. Mais la gent médiatique, focalisée sur ses marottes et ses obsessions, ne prend pas toujours la peine de nous les révéler. Ainsi en est-il du nouveau contrôle technique dont les journalistes nous expliquent, succinctement, qu’il est désormais plus exigeant, plus long, plus cher et que ses vertus – dégager de la voie publique des carcasses accidentogènes - échappent à des automobilistes grognons. Fin de l’histoire. Chien Gentil trouve que  c’est un peu court...

 

Dans les années 70/80, à l’apogée de la civilisation du tout-voiture (pour reprendre l’expression dénigrante des autophobes), encouragée par le pétrole bon marché et le productivisme débridé de nos ploutocrates, le législateur constate que le parc automobile est, en partie, constitué de véhicules anciens, mal entretenus, qui contreviennent aux élans de l’époque pour la sécurité et l’environnement. Il est vrai qu’il avait été précédé par ses homologues européens qui, déjà, entendaient multiplier les normes de la vie sur le Vieux Continent avec force injonctions. Des mesurettes avaient vu le jour dès les années 80. Mais c’est en 1992, le 1er janvier, que le couperet tombe. Les Français reçoivent pour étrennes l’obligation du contrôle technique.

 

Avec le recul, un quart de siècle, nous voudrions connaître l’incidence de cette astreinte :

- sur les ventes d’automobiles (première et seconde mains),

- sur la multiplication des crédits à la consommation,

- sur l’emploi des personnes affectées à ce contrôle,

- sur l’impact réel sur l’activité des garagistes (ils gagnent les réparations ante ou post examen mais perdent l’entretien des véhicules âgés),

- sur les ventes de pièces détachées

- sur les taxes que génèrent toutes ces opérations.

Et tant qu’on n’y est, que l’on nous révèle donc l’efficacité du CT... Combien de pourcentage de morts en moins, à parc égal, de 1992 à 2017 ?

En attendant que l’on nous instruise de la vérité, il nous semble que les dépenses impératives qu’exige la loi ait d’abord pour vertu de faire tourner l’économie.

Une fois de plus la vache à lait est maltraitée donc mal traite.

En outre, c’est une évolution profondément injuste. Tel qui a les moyens, particulier ou société, de changer de voiture comme de chemise est dispensé de cette contribution supplémentaire. Quand aux politicards, ils roulent en limousine aux frais du contribuable. Le plus pénalisé est, comme toujours dans la mondialisation néolibérale, le plus modeste. « Moins tu peux payer, plus tu payes », disait Coluche.

 

Rappelons que ce « prélèvement supplémentaire » s’ajoute à mille autres et notamment à un prix du litre de carburant qui frise ou dépasse les 1€50. Comment cinq millions de pauvres encaissent-ils cette augmentation ? Là aussi, les bobos parisiens, donneurs de leçons et missi dominici du macronisme disrupteur, qui grenouillent dans le landerneau marcheur, sont étrangement muets...

Voilà donc une mesure - la démagogie médiatique nous la présente comme vertueuse - qui ne dit pas son dessein : dur aux faibles, douce aux forts. Ce contrôle « nouvelle facture » coûtera, hors prescriptions comminatoires d’interventions mécaniciennes (donc de frais ajoutés), environ 20% de plus.

 

Enfin, n’en déplaisent aux bobos urbains (rats des villes) qui arborent des postures politiquement correctes, méprisantes pour la réalité de millions de « paysans » (rats des champs), la voiture individuelle demeure irremplaçable dans les zones rurales à la démographie clairsemée. Si 8 Français sur 10 sont citadins, 2 sont contadins et, non seulement, ils ont le droit de vivre mais, de plus, ils ont vocation à entretenir la nature et ainsi prévenir les inéluctables friches de campagnes négligées.

 

Techniquement donc, cette imposition de plus, est... incontrôlée. Si le gouvernement s’attachait au bonheur des Français, il imposerait... un contrôle technique... gratuit.