« En même temps », on nous invite à accélérer et à ralentir...

Je ne sais pas vous, mais moi j’ai une petite idée de ce que l’automobiliste fait pour le pays... Il paye...

 

> Il paye à la pompe (à taxes) pour rouler. Rappelons que nous payons moins du pétrole que des taxes (environ 70% du prix d’un litre d’essence est constitué de taxes). L’alignement du prix du diesel (+ 10%) sur celui de l’essence est une trahison... La puissance publique a jadis invité les Français à acheter des véhicules diesel (pour favoriser les constructeurs hexagonaux) et maintenant, elle les poignarde dans le dos.

 

> Il paye des péages (rackets) d’autoroutes privatisées dont il avait déjà financé la construction avec l’impôt.

 

> Il paye des assurances toujours plus chères, toujours plus rétives à « assurer » en cas de sinistre. Quelle part des primes acquittées finit dans la poche des actionnaires ? Pourquoi est-ce que les assurances ne sont pas un service public dont les activités viseraient uniquement à équilibrer les comptes pour indemniser correctement les victimes d’un accident ou d’un incident ?

 

> Il paye des contrats d’entretien onéreux. C’est-à-dire que pour conserver le bénéfice des garanties à géométrie variable, le propriétaire doit emmener régulièrement son auto chez les concessionnaires pour des check up préventifs. 

 

> Il paye les systèmes propriétaires installés dans les véhicules par les constructeurs pour obliger les automobilistes à se rendre chez le concessionnaire, plus cher que le garagiste indépendant du village.

 

> Il paye les pannes programmées par les fabricants pour canaliser l’automobiliste plus souvent qu’il ne le voudrait chez son concessionnaire pour procéder à des réparations (exemple : la vanne EGR sur les véhicules diesel). En réalité (les scandales l’ont démontré), les systèmes anti-pollution ne peuvent, pour l’heure, satisfaire les normes édictées par des politiciens plus soucieux de démagogie écologiste que de réalisme.

 

> Il paye des obsolescences programmées (en l’état actuel des connaissances techniques, on pourrait parfaitement fabriquer – pour ceux qui le souhaitent - des véhicules aptes à atteindre le million de kilomètre en cinquante ans).

 

> Il paye les contrôles techniques (toujours plus stricts et plus chers) qui contraignent les usagers à dépenser de l’argent en examens, réparations, pièces détachées hors de prix etc...

 

> Il paye pour parquer, pour stationner... Un euro le quart d’heure dans le centre de Paris au parcmètre.

 

> Il paye toutes les amendes qu’un état répressif et racketteur peut lui coller avec des radars toujours plus sophistiqués et piégeurs (même quand on n’a aucunement l’intention de conduire trop vite, on chope des flashs). Et se profile la privatisation de la délivrance et de la perception des PV. Bonjour l’enfer.

 

> Il paye pour restaurer son permis dépourvu de ses points (13 millions de points sont confisqués chaque année).

 

> Il paye, il paye, il paye.

 

En réalité, le législateur considère qu’un automobiliste est un individu qui a les moyens et qui doit payer un max pour faire tourner la machine économique en échange du privilège suprême de se déplacer en auto.

 

Et voilà que ce jour, on nous annonce l’abaissement de la vitesse autorisée sur les routes secondaires à double sens (80 en lieu et place de 90). Objectif : « réduire la mortalité ». Décemment, personne ne peut s’opposer à ce dessein. Mais, des spécialistes doutent que cette réponse soit de nature à résoudre le problème.

 

En toute hypothèse, le président (comme les chefs d’entreprise) demande « en même temps » aux Français d’accélérer  - la productivité juteuse, les performances lucratives, la croissance illimitée, l’implication totale, le travail consciencieux etc... – et de ralentir (notre vitesse de déplacement). Or, comme pour beaucoup de gens, travailler et (perdre sa vie à la gagner) exige de circuler, de conduire, d’aller vite, on voit mal comment résoudre cette aporie, cette quadrature du cercle, cette contradiction.

80 kilomètre par heure c’est une allure de rentier, d’oisif, de vacancier, de retraité, voire de fainéant et de looser que stigmatise président... A la vérité, je crois que – si c’était possible - nous serions nombreux dans la vie active à rêver de musarder, flâner, lambiner... Regarder le paysage. Lire et relire les grands auteurs. Compter fleurette aux sauvageonnes. Faire la sieste. Ecluser une cervoise sous les platanes avec les potes. Prendre le temps de vivre.

Donnez-nous de l’argent messieurs Macron et Hulot et, si vous le voulez, nous roulerons à cinquante kilomètres par heure. Mieux, nous sellerons nos chevaux et chevaucherons dans les vertes praires de l’insouciance.

Le jour où l’homme cessera de travailler et produire (pour le bénéfice d’une minorité), il cessera de polluer et détruire la planète.

Alors ! On arrête tout ? Et on baguenaude à 80... Chiche, Président.

 

Infos en +... www.liguedesconducteurs.org