Donald Trump, un atout* de moins en moins Maître..., de lui

Donald Trump a tout du clown échappé d’un cartoon : la capilliculture indomptable et peroxydée, la prunelle carnassière, les mimiques bravaches et la gestuelle du balourd mal léché, la carcasse gargantuesque et la démarche dégingandée... Reconnaissons qu’il n’est pas totalement dépourvu d’une sinusoïdale cohérence... Ses paroles et ses actes sont ceux d’un bouffon qui entretient avec les usages bienséants un rapport approximatif.

 

Donald Trump a tout du populiste. La démagogie, qui procède d’une fausse empathie avec le peuple, non pour le protéger mais pour détourner sa colère à son profit.  Et le cynisme le plus débridé pour manipuler habilement l’ambivalence de la détresse : espoir et désespoir. C’est le fruit amer des amours coupables entre l’argent roi et l’exhibitionnisme télévisuel. A l’image d’un président au petit pied, il ne décolle jamais du caniveau où il gesticule et éructe un laïus vil qui trouble le peuple (lequel voit en lui un sauveur possible) et agace les élites au motif qu’il présente, sans fard, le visage terrifiant de la mondialisation néolibérale. Sa vulgarité n’a d’égale que son amoralité.

 

Donald Trump a tout du symptôme qui indique la nature du mal de la civilisation occidentale déclinante. Son élection n’a pas surpris ceux qui ont roulé leur bosse aux Etats-Unis, notamment chez les rednecks de l’Ouest. En traînant ses bottes dans les ranchs, on entend de « drôles » de confidences... « Les écolos c’est comme les pastèques, vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur ». Et dans la foulée, pour peu que vous ayez souri, les vrais gens vous déroulent le catalogue des excréments verbaux réservés à la « communist », Madame Clinton et à ses pieds tendres de l’Est qui voudraient leur expliquer comment traire une vache.

Sont-ils racistes ou dégénérés ? Que nenni. Ni plus ni moins que nos compatriotes révélés par Christophe Guilluy dans sa « France périphérique », ils souffrent d’un système qui les exclut, non pas de l’American way of life (ils ne demandent rien), mais du minimum vital que doit procurer un digne job. Et, pour peu que l’on s’intéresse à cette Amérique profonde, on a compris et intégré depuis lurette, en filigrane des milliers de reportages réalisés sur la face cachée du rêve américain, la perspective probable de l’élection d’un pitre pathétique et incontrôlable. Que les économistes se regorgent d’un contexte de « plein emploi » creuse plus encore la fracture.

 

Mais Donald Trump n’a de Robin des Bois que le verbe. Il ne prendra pas aux riches pour donner aux pauvres. Comme dab, les promesses n’engagent... Il se fout bien des uns comme des autres aussi longtemps qu’il peut jouer les épouvantails transgressifs.

Problème, il n’a aucun sens de la mesure et, consciemment ou inconsciemment, il multiplie les faux-pas. Ses frasques nourrissent le revanchisme de l’establishment – le gratin n’a pas digéré ses manières de chien dans son jeu de quilles – qui l’attend au tournant pour mettre un terme prématuré à la mésaventure trumpiste. Son équipe a-t-elle frayé, au delà du raisonnable légal, avec des intrigants russes ? A-t-il fait obstruction à la bonne marche de la justice ? Mais surtout, les Républicains qui bénéficient de la présence d’un des leurs à la Maison-Blanche, vont-ils longtemps considérer que leurs intérêts partisans sont supérieurs à ceux de leur pays ? Et donc vont-il le soutenir mordicus ou le lâcher et consentir à voter un impeachment ? A suivre.

Dans tous les cas de figure, et jusqu’à plus ample informé, la mondialisation néolibérale, avec ou sans Trump, continue d’asservir les peuples.

 

*Le mot « trump » se traduit en français par « atout »